samedi 23 octobre 2010

Serbie : Etoile Rouge – Partizan, un "derby éternel" sous contrôle…


Annoncé à très hauts risques, ce 139ème derby éternel entre l’Étoile Rouge et le Partizan se sera au final déroulé sans incident notable devant seulement 20.000 spectateurs et des mesures de sécurité jamais atteintes jusqu'à présent, en raison des risques de violences possibles.


Selon la Police qui a tout de même interpellé 34 personnes pour des troubles à l’ordre public ou de manière préventive, il n’y a eu aucun incident lié au match avant, pendant et après la rencontre. Seule anecdote à signaler, les Policiers ont saisi plusieurs containers remplis d'huîtres ( ?!!) à proximité du stade…

Placé sous une importante surveillance Policière, aucun incident n’a été signalé dans le Virage Sud où se trouvaient les ultras du Partizan, tandis que du côté Nord, le secteur Delije, en dehors de quelques mouvements de foule, ce sont surtout les attaques et insultes constantes contre le gardien de but de l’équipe nationale serbe et du Partizan, Vladimir Stojkovic qui auront marqué le match.

Au terme de ce match remporté par le Partizan (0-1) les supporters du Partizan situés sur le Virage Sud du Marakana ont été redirigés vers les stations de Vozdovac et Banjica tandis que ceux de la Crvene zvezde ont été orientés vers celles d’Autokomanda et Slavija sous une surveillance Policière renforcée.

Outre cette victoire de prestige sur la pelouse de l’Etoile Rouge, le Partizan en a aussi profité pour prendre la place de leader du championnat serbe, à égalité de points (22) avec son adversaire du jour.

Si le contexte de ce match toujours particulièrement tendu avait rajouté à la tension entre les supporters des deux camps, dans le passé, souvent, ce derby avait donné lieu à des violences entre Delije et Grobari. Ainsi en Avril 2009, après la victoire du Partizan sur sa pelouse face à l’Etoile Rouge, les Delije avaient violemment réagi en brûlant des sièges du stade, obligeant les nombreuses forces de police présentes dans le Stadion Partizana à intervenir…

En 1999, un supporter de l’Etoile Rouge avait été tué dans le même secteur du stade du Partizan après avoir été touché par une fusée ait été lancé par un membre des Grobari vers le secteur occupé par les Delije…

Et cette opposition s'est aussi retrouvée lors des conflits politiques. Si majoritairement les Delije et les Grobari sont majoritairement proches des milieux ultras nationalistes Serbes, cette antagonisme s’était retrouvé même après la chute de Milosevic le 5 octobre quand des centaines de milliers de manifestants au premier rang desquels les Delije avaient pris d’assaut le Parlement Serbe.

Quelques jours plus tard, eut lieu le derby éternel et alors qu’on aurait pu penser que ce match serait pour une fois l’occasion d’une célébration de la fin du dictateur entre les deux rivaux (certains supporters du Partizan avaient aussi participé à la révolution du 5 octobre), la rencontre a en réalité tourné à l’émeute.

Le Président d’honneur du Partizan à cette époque était Mirko Marjanovic, le Premier Ministre Serbe et ami intime de Milosevic. Aux yeux des Delije, affronter le Partizan, c’était de nouveau affronter Milosevic et son régime qu’ils avaient renversé quelques jours plus tôt. Les banderoles déployées dans le Virage Nord ce jour-là étaient explicites, « Mirko en prison, le Partizan en deuxième division », ou lyriques « le soleil de la liberté se lève sur notre victoire ». (...)

Avant le coup d’envoi, les fans du Partizan ont commencé à chanter et réclamer la démission de Marjanović. Progressivement, ces protestations sont devenues violentes, les sièges étaient arrachés et servaient de projectile contre la Police qui, après tout, était la même Police qui avait mené la répression contre eux pendant des mois.

Trois minutes à peine après le début du match, les Delije, furieux que leurs ennemis détruisent leur stade, chargèrent. En quelques secondes, le terrain était envahi par des centaines d’ultras dans une véritable marée humaine face à laquelle la Police ne pouvait rien faire…

Les Delije ont toujours considéré avoir été en première ligne lors de la chute de Milosevic, qu’ils avaient pourtant Durant des années soutenu contrairement aux Grobari, “jamais vus en tête des manifestations et qui n’ont jamais combattu la Police avec les couleurs du Partizan”

Lors de ces évènements historiques, les Delije, pourtant farouchement nationalistes, s’étaient retrouvés aux côtés des démocrates et des étudiants d’Otpor, qu’ils détestaient par ailleurs, mais la haine était trop forte pour se retrouver avec ceux du Partizan…