vendredi 9 octobre 2009

Football, Hooligans et Skinheads : Une connexion (aussi) musicale…


De manière souvent simpliste, l’image des skinheads a été utilisée (notamment en France) à des fins politiques par méconnaissance ou amalgame, sans distinction entre le mouvement skinhead « original » (non politisé) et la tendance d’extrême droite qui s’est ensuite développée….

De fait, dès les années 70 jusqu’aux 80’s et encore aujourd’hui, le mouvement skinhead via les groupes musicaux issus de sa tendance a toujours affiché une proximité particulière avec certains clubs de football et leurs supporters…


C’est en 1969 que le mouvement skinhead apparaît en Grande-Bretagne parmi les jeunes des quartiers ouvriers, blancs comme noirs, sans lien avec tout mouvement politique.

Les premiers skinheads écoutent du reggae, du ska, du rocksteady et déjà les chansons parlent des problèmes sociaux, des conditions de vie de la classe ouvrière, de celle des noirs, des émeutes, difficultés de la condition ouvrière ou de la condition noire mais aussi de football.

Hooligans et skinheads se mélangent dès lors dans les tribunes populaires (terraces) des stades Anglais, comme le Shed à Stamford Bridge, le Kop d’Anfield, le Stretford End de Old Trafford ou encore le North Bankd’Upton Park et le Shelf de White Hart Lane. Dès le début des années 70 des milliers de Skinheads s’entassent dans le Shed à Stamford Bridge, chaussés de Doc Martens, en Levi’s, polo Fred Perry, chemise Ben Sherman et en Harrington et tous reprennent des airs à la mode détournés à la gloire des « blues » comme The Liquidator, un instrumental du musicien jamaïcain Harry.J All Stars ( qui atteindra la 9ème place des charts anglais en 69) et qui deviendra même l'hymne de Chelsea. Cette chanson est d’ailleurs toujours entendue à Stamford Bridge…

En Angleterre, ce morceau demeure fameux pour avoir été joué dans de nombreux stades. D’ailleurs un débat persiste pour déterminer qui de Chelsea, de West Bromwich Albion ou des Wolverhampton Wanderers a été le premier club à le programmer…Cette « mélodie» est ainsi également reprise par les supporters des Wolverhampton Wanderers et les rivaux de West Bromwich Albion. Cependant, la police des West Midlands a interdit la diffusion de cette musique, transformée en « abuse song » (ces chants contre la police, contre les adversaires ou les arbitres) les jours de matchs.

Lors de saison 2005-2006, West Bromwich Albion et les « Wolves » ont brièvement réintroduit cette chanson en demandant aux supporters de ne pas la détourner en « abuse song », requête vaine qui obligera les clubs à la retirer de nouveau de leur « playsist » avant de faire une éphémère réapparition en 2007 lors de la phase finale des « play-off » du Football League Championship (L2) qui accueillait à Wembley, West Brom et les Wolves (ainsi que Derby County et Southampton).

Dans les années 80, les skinheads évoluent vers une musique plus violente, le street punk, ou la « Oi » qui, en argot cockney, correspond à la contraction de « Hey you ! », un cri de ralliement des skinheads, rendu célèbre par les Cockney Rejects, un groupe Londonien, fans absolus de West Ham United, qui produit de nombreuses chansons en hommage au club de l’East End et aux hooligans de l’Inter City Firm. Un de leurs plus grand succès « I'm Forever Blowing Bubbles » est tiré de l’hymne de West Ham.

D’autres titres comme War On The Terraces (« The seats and the stands are bare but you remember, not long ago, all the times that we battled there…War on the terraces, War on the terraces, It was war on the terraces »…), West Side Boys (« We are the West Side Upton Park, we meet in the Boyleyn every Saturday talk about the team that we're gonna do today, steel cap Dr. Martens and iron bars »…), We Are The Firm (« We're the firm and they all know, when we come they don't wanna know, we're the ones who still win the day, running rouning that's our way…We're the firm! We're the firm »…) célèbrent ouvertement la violence de l’ICF…

Mais si le début des années 80 connaît aussi un revival rocksteady et ska avec des groupes comme The Specials, Madness, The Selecter, contrairement aux années 70, la grande majorité des skinheads sont blancs…Dès lors, c’est le début de la récupération politique par l'extrême droite britannique du British Movement, du National Front ou du British National Party à l’image du groupe Skrewdriver, et de son leader Ian Stuart (1957- 1993) désormais ouvertement néonazie, qui créera Blood and Honour (mouvement nationaliste, raciste et antisémite) dans les années 80 .

De nombreux skinheads (boneheads) et donc beaucoup de hooligans, suivront cette évolution. C’est aussi à partir de cette époque que les « firms » londoniennes (notamment) verseront vers l’extrême droite comme les Headhunters de Chelsea, dont une majorité formera la base des fans de Skrewdriver et de B&H, de même pour les Bushwackers de Millwall, l’ennemi séculaire de West Ham, qui comptera aussi dans ses rangs des partisans du groupuscule néo-nazis (Tous participèrent à la fameuse "Battle of Waterloo" en 1992). De nombreux membres des Headhunters seront parallèlement impliqués dans des incidents à caractères racistes imputés à Combat 18, la "branche armée" de Blood and Honour, tels que Jason Marriner ou Andrew Frain, condamnés en 1999 à 7 ans et 8 ans de prison ferme avec interdiction de stade à vie...

Du côté d’Upton Park, les Cockney Rejects rejetèrent les accusations d’appartenance au British Movement même si cet amalgame les suivra longtemps.

Autre groupe de Oi! fan des « Hammers » à avoir souffert d’une tentative de récupération politique par le National Front, Sham 69 (fondé en 1976) rapidement devenu un des groupes les plus suivis par les Skinheads et réputé pour la violence qui accompagnait chacun de ses concerts. Expressément rejetée par Jimmy Pursey, le chanteur et leader du groupe, cette proximité avec l’extrême droite britannique restera toutefois toujours sous-jacente…

Les deux groupes étaient par contre intimement liés au milieu hooligan, Sham 69 avait sa bande, la Sham Army et les Cockney Rejects aussi, d’ailleurs le bassiste du groupe, Vince Riordan (un ancien roadies de Sham 69) était membre de l’Inter City Firm qui fournissait des roadies et des « minders » qui assuraient la sécurité des concerts des deux groupes.

Aujourd’hui les hooligans ont évolué vers le mode casuals, plus discret et les Skinheads ne sont plus « à la mode » en Angleterre. Mais l’esprit perdure, même au-delà des Iles Britanniques, par exemple jusqu’en Italie, Vérone plus précisément d’où sont originaires les membres de Los Fastidios un groupe de « Oi! », fondé en 1991 et affilié au mouvement skinhead SHARP (Skinheads Against Racial Prejudice).

Tifosi de la VirtusVecomp Verona, la troisième équipe de la Ville (avec le Hellas et le Chievo) qui joue actuellement en Série D, le groupe participe au « Progetto Virtus Fans » une initiative antiraciste mise en place par le club de Borgo Venezia dans une cité, Vérone ou le fascisme reste une réaiité quotidienne « officielle » (Le Maire Flavio Tosi est issu des rangs du parti fasciste Movimento Giovani Padani)

Liés aux Tifosi antifascistes gravitant dans le mileu ultra’ Italien, Los Fastidios, qui sont aussi proches des Ultras Marseillais (une bache « FANS Virtus Verona » est parfois présente dans le secteur du CU au Virage Sud du Stade Vélodrome et ils se sont souvent produit en concert au local des ultras à Rabatau) ont publié une chanson « culte », mélangeant tendance politique et mentalité ultra : Antifa Hooligans

Oi!…Pogo !!!!… 


jeudi 8 octobre 2009

One country, No surrender : Swansea City vs Cardiff City



Grâce au lavage de cerveau engagé par Canal Plus et ses multiples retransmissions du championnat anglais, le public français connaît maintenant parfaitement les rivalités qui opposent les clubs de Londres, ceux de Liverpool ou ceux de Manchester, d’autres bien moins connues font pourtant partie intégrante de l’histoire du football du Royaume Uni.
C’est le cas de la rivalité (le mot est faible) qui oppose Cardiff et Swansea, il faut dire que les deux villes ne sont séparées que de quelques kilomètres dans la région du sud du pays de Galles. Les deux meilleurs clubs gallois se sont retrouvés depuis la saison dernière en Championship (L2 anglaise), puisque contrairement aux Ecossais (notamment), les clubs professionnels gallois participent aux différents championnats anglais.
Racheté en 2006 par Peter Ridsdale (l’ancien Président de Leeds United) Cardiff évolue en Championship depuis la saison 2002/03, rejoint la saison dernière par Swansea et les deux clubs pourraient donc accéder bientôt à la Premier League, ce que seul Swansea City a réussi à faire durant deux saisons il y a maintenant plus de 26 ans (Saisons 1981-1982 et 1982-1983)
La présence des deux clubs gallois à ce niveau de compétition démontre une nouvelle ambition du football gallois et d’ailleurs en 2008 pendant que Cardiff City brillait et se hissait jusqu’en finale de la Coupe d’Angleterre (défaite 1-0 contre Portsmouth), Swansea City obtenait sa promotion en Championship en survolant littéralement la League One (équivalent du National en France). La saison dernière les deux clubs ont d’ailleurs terminer la saison à des places d’honneurs, très proche l’un de l’autre (7ème place pour Cardiff, 8ème pour Swansea)…
La rivalité entre les deux clubs débute en 1929 et depuis lors Swansea City a l’avantage au niveau statistique, mais actuellement, c’est bien Cardiff City qui est la référence footballistique au Pays de Galles même si Cardiff n’a que rarement réussi à battre son rival lors des dernières oppositions qui commençaient à dater (huit ans sans rencontre officielle en Championnat jusqu'à la saison dernière).
Retrouvailles donc et nouvelles tensions entre supporters évidemment…

Il faut dire que les deux clubs possèdent des « firms » réputées parmi les plus violentes du Royaume-Uni. Les Swansea Jacks vouent ainsi une haine tenace contre le club de Cardiff City et ses supporters de la Soul Crew qui le leur rendent bien.

Inspirées par le mouvement skinhead des années 60 pour les Jacks, fondée dans les années 80 pour la Soul Crew, les deux firms historiquement proches du « National Front » (British National Front, parti politique britannique d’extrême droite) ont souvent défrayé la chronique par leurs actions d’une violence extrême qui ont fait classer par les Renseignements Généraux britanniques, la Soul Crew comme l’un des groupes les plus dangereux du Royaume-Uni. Le comportement extrémiste de certains de leurs membres lors de match de l’équipe nationale galloise (où ils se retrouvent) a aussi souvent choqué par sa violence, son idéologie et son engagement politique ostensiblement proche des mouvements néo-nazis britanniques…
Désormais plus proche du style « casuals » les Swansea Jacks et la Soul Crew ne ratent jamais l’occasion de s’affronter, là encore dans une sorte de championnat parallèle à celui de leur club respectif…

Prochaine « rencontre » le 7 Novembre 2009…

lundi 5 octobre 2009

En Argentine avec Independiente (Clasico de Avellaneda en Velez el 31/05/08)


Une évocation par Fabri, un « hincha» des « Diablos Rojos de Avellaneda » de passage en Argentine du clasico de Avellaneda, version 2008 avec une passion telle qu’on ne résiste pas au plaisir de (re)publier ce récit tout personnel, passionnant et passionné….même avec un eu de décalage dans le temps… 




Salut tout le monde ! Rentré depuis lundi je vais vous raconter un peu comment j'ai vécu ce match. De 48h avant la rencontre à 24h après le coup de sifflet final...


Après un début de semaine passé dans le Nord avec ma famille, je descends enfin sur Buenos Aires jeudi matin où m'attendent Lucas et Marco mes amis de Los Pibes Del Codo, une peña de la Barra d'Independiente. 


Pour vous expliquer rapidement, que ce soit avec el Rojo ou n'importe quel club d'Argentine, la structure des tribunes n'a pas grand chose à voir avec celle qu'on connait en France, en Italie ou en Grèce.
Tous les supporters actifs ont va dire sont réunis pour former la Banda del Rojo ou Barra del Rojo qui n'est qu'un simple mouvement populaire lui même formé par une multitudes de groupuscules qu'on appelle les peñas…. 


Chaque peñas réunis les amoureux d'Independiente. 


Un des gages de qualité pour une hinchada argentine c'est d'avoir un maximum de peñas, pas seulement dans le grand Buenos Aires mais aussi partout en Argentine et dans le monde. 


Chaque peñas a son capo, et entre ces capos certains deviennent les capos du mouvement de la Barra Brava. Bien entendu il y a un responsable unique de la Barra. Celui qui traite avec les autorités lorsqu'il y a un problème et vérifie que la Banda a assez d'argent pour le matériel de chaque match. 


La journée est assez ensoleillé aussi, avant de se rendre à Boyaca prendre les places, on décide avec mes collègues d'aller manger chez Fredi un pote qui, je ne le savais pas encore, appartient à La Banda Del Infierno Murguero. Ce groupe est celui qui s'occupe des animations sonores de la Barra. "Muguero" pour la Murga qui est un ensemble de rythme et de percussion qui font des chants d'Independiente les meilleurs d'Argentine (River n'a pas de Bande Murguera par exemple). Bref je vais pas vous bassiner avec ça pour plus d'explication j'ai fais un post là dessus sur le topic Argentine. Retenez simplement qu'une Banda Murguera c'est le cœur du peuple. 


Déjà première grillade arrosée, bière et Fernet-Coca coulent à flot. On m'appelle très rapidement el Marsellese (Le Marseillais) pour mon attachement à Marseille. Curieux de savoir comment sont les supporters de l'OM qu'ils disent savoir chauds, je leur montre quelques vidéos et photos du net sur le pc déglingué de Fredi. Ils sont agréablement surpris par les drapeaux Argentins ou encore le Che géant des Winners. Je leur explique alors la fascination qu'ont les Marseillais pour les supporters Argentins. 


Cette nouvelle les a clairement enorgueilli ! Alors lorsque j'ai dit que je n'étais pas le seul supporter d'Independiente de Marseille la joie était au rdv et ils ont clairement voulu marquer le coup en faisant une nouvelle tournée. 


Une fois nos places acquises (+ d'1h d'attente) pas le temps de trop se reposer qu'on file chez Enrique, un mec de la barra tatoué jusqu'au cou, qui a un garage assez spacieux et une énorme tête de diable peinte sur un mur. Avec le matos déjà par terre pour former des drapeaux rouges qui serviront pour l'entrée des joueurs, ont se met au travail. 


Une heure 1/2 plus tard après plus de 200 drapeaux flambants neuf Marco décide, avec Manuel un gari de la peña Rojo Monte venu pendant qu'on montait les drapeaux, que je les accompagnes dans un locutorio (Sorte de cyber en Argentine) et me demande à ma bonne surprise de remontrer les tifos de l'OM mais à son collègue cette fois-ci. 


Moyennent un billet destroy de 2 pesos on se paye une séance bien sympa de visionnage pour enchaîner au Britanico boir un coup. Il est déjà 18h passé. Marco me parle de la peña du Peru, de la fraternité Independiente-Lima, enfin on parle d'une éventuelle amitié avec l'OM. 


Manuel le mec de l'autre peña me dit qu'il est inquiet pour la rencontre. La pression est assez énorme. Déjà c'est un classico mais en plus si Independiente gagne il envoie leur pire ennemis en division inférieur. Les autorités flippent et mettent la pression sur les peñas. Il me parle des différentes banderoles qu'ils confectionnent pour Samedi. Bien que je sois complètement crevé à cause du foutu voyage de 18h en bus j'accepte son inviation pour aller mater tout ça. 


On va donc chez lui et je découvre trois banderoles de grande taille (9m2 environ) toutes rouge et blanche disants "Que Dios me perdone pero amo al Diablo" / "Hijo que te Baya bien" / "Se Ban los Mitomanos".
Jeu de mot avec B pour division B (L2 Argentine) elles disent "Que Dieu me pardonne mais j'aime le Diable" "Fiston bon vent (Fiston dans le sens qu'Independiente est le Papa et domine donc Racing, bon vent en deuxieme division)" "Les mythomanes s'en vont". Racing sont vus comme des mythos car ils se croient grands mais n'ont pratiquement rien gagné et s'invente donc un histoire. 


On laisse Manuel et on repart direct chez Fredi pour récupérer quelques affaires. Fredi m'invite à aller avec lui à la réunion de quelques membre de l'Infierno Murguero Vendredi en début d'aprem. J'accepte bien évidemment...


21h passé, je suis dans la maison de Lucas chez qui je vais dormir jusqu'à mon retour. Une picadita (Apéro) avec quelques potes du quartier dont Eugenia une diablita (C'est comme ça qu'on appelle les supportrices d'Independiente) qui était la seule ce soir-là à porter sur elle les couleurs d'independiente avec son maillot rouge vif cherry 


Le match de Samedi monopolise la discussion. On parle un peu de Boca et de leur parcours en Libertadores. Eu m'apprend qu'elle danse pour el Murguero Infernal et qu'elle sera demain avec la Banda et au match en tribune populaire.
Avachi sur mon fauteuille je peux apprécier les photos accrochées au mur du salon, photos qui furent prises par la Barra. Certaines datent des années 70 de l'époque del Bocha et des victoires en championnat et Libertadores. Superbes !


Vers minuit on se barre boire un coup dans un bar d'Avellaneda. Y'a Lucas, son jeune frangin, Eu, une amie à Eu et moi. Là ça part en vrille. Un moulon de mecs est aglutiné à une table à côté du comptoir. Ce sont en fait des gadjos de la Guardia (BB de Racing). Bien que Lucas les connaisse (Il me l'a dit plus tard) il n'a pas bronché, juste fait signe à Eu de fermer son sweat pour cacher le maillot. 


Les mecs de Racing sont chauds et braillent des bouts de chansons anti Independiente. Lucas veut qu'on parte tranquille aussi on se lève et commençons à nous diriger vers la porte de sortie. Là, un des mecs cri "Vamos Academia ! Que pocos que son los amargos ! No son nada traigan a la hinchada del rojo para que hagan vulto putos !". Eugenia visiblement à bloc se retourne, ouvre son sweat, s'avance vers les mecs et balance "Aca esta la hinchada del Rojo, soy yo, que te pasa fracasado que te corto lo que te queda de huevos !" 


Gros silence. Arrêt sur image sur la gueule du barman complètement blême. Un verre tombe et pète dans un fraca inhabituel et me fait sursauter. Le mec après un moment d'hésitation reprend ses esprits "Que dice esa puta?!" Le barman arrive pour s'interposer avec l'aide du serveur, les supp' de Racing moins bourrés freinent leur collègue au visage rouge tomate "'Para ! Que es un chica loco" "Que me importa es una puta". On profite du bordel pour se barrer rapido ! 


Le lendemain 14h je retrouve Fredi à la reunion. Nous sommes une petite dizaine de personnes. À part Eu et Fred je connais dégun. Il me présente comme "el Marsellese". Super ambiance. Je rencontre Pata un mec qui m'aborde en me disant "En serio sos de Marsella ? Noo que copado ! Yo hincho para Marsella !" Pensant qu'il me charit ou me dit ça pour me faire plaisir je souris mais, comme en transe, il me dit de passer chez lui après la cosette. Pendant cette dernière on se donne rdv pour la prévia (Fête d'avant match) de Samedi, pour le matos, on règle deux trois détails pour que la fête soit réussie. 


Je pars donc avec Pata, chez lui. Et là la belle suprise. Le mec me sort le maillot de l'OM away de 2008. "Se parece un poco a la camiseta de Racing. Eso me embola" me dit-il d'abord. Mais enchaîne vite "Pero es OM ! Esta bien no ?" Comme si je ne l'avais jamais vu. En tout cas je l'invite à boire un coup et découvre qu'il connait encore mieux l'équipe de Marseille que le forumeur moyen de Lephoceen.fr ! 


Le soir d'avant match grillade et pizzas chez Lucas avec le peuple Rouge. Même Enrique l'homme aux tatouages est là. Il finira par me dire "Al principio no tenia confianza pero ahora me pareces un tipo macanudo" Je ne savais pas encore que ce fada me préparait une sacrée bonne surprise. En tout cas je profite de la soirée pour faire plus ample connaissance avec Eu qu'est vraiment une chouette fille. 


Jour de match. Debout vers 8h. On part pour le stade de Velez. On retrouve Marco avec qui on récupère en route différents mecs de la Barra avec du matos variés (Pétards, pots de fumée, confettis, drapeaux, banderoles ...). Certains sont déjà au vin rouge. Et là le fada me tombe dessus "Cheee el Marsellese !" C'est Enrique ! Il me dit qu'il a un cadeau pour moi. Il me sort une bâche "Marsella es del Rojo" ! (Marseille représente les Rouges) Bon sang j'ai eu un frisson de bonheur qui m'a parcouru tout le corps ! Il m'apprend que son surnom c'est Dragon ! Moi je lui ai juste dit "Gracia gordo !" la larme à l'oeil. Quel cadeau bon sang ! Le mec me connaissait à peine, mais on est déjà (les) meilleurs potes, ça aussi c'est l'Argentine !


Au stade vers 9h30. Les flics sont déjà là. Pas de vie ceux-là !
Je reconnais dans les dizaines de têtes quelques mecs de la reunion de vendredi aprem. Je cherche Pata, mais je ne le capte pas. On nous fait déballer tout le matos. On déroule ma nouvelle bâche. Un flic demande c'est quoi Marseille ? Bon sang quel taré ! Marco essaye de le faire gober que c'est un village du Chaco (Une région d'Argentine un peu paumée). Presque ça marche, mais un autre flic moins abrutis ne nous croit pas et demande de ranger ça où il l'embarque ...À partir de cet instant, j'ai senti que ce match allait être une cata, et malheureusement je ne me suis pas trompé. 


Les flics nous empêchent de rentrer avec la plupart des drapeaux et bâches. Attouchement prononcé pour la fouille. D'autres peñas avaient imprimé des centaines de B sur feuille A3. Confisqués aussi ! Avec les sandwichs tant qu'à faire… 


El Infierno Murguero commence a taper quelques rythmes mais déjà l'ambiance a pris un coup dans l'aile. Une fois en tribune, installation du matos, déploiement des bandes. Arrivée de la Banda pour chauffer tout le monde. Mais la previa dans le stade est étouffée par la musique de la sono qui casse tout. Le pire c'est que c'est le club d'Independiente qui a prévu de mettre la musique à fond. 


Les messages de « chambrage » pour Racing n'ont pas pu être sorti. Entre ceux bloqués par les flics et ceux qu'on a pas pu déployer dans le stade ... Je pense à Manuel et ses banderoles. Il doit l'avoir profond lui aussi. Je finis par apprendre que seule 70 pour cent des tribunes sont remplies. Pour des raisons de sécurité le nombre total de place vendu a été limité... 


Entrée des joueurs, correct mais l'ambiance est bien pesante, bien loin de la fête que cela doit être ! 


Le match commence et comble de tout, les flics mettent la pression sur les capos pour ne pas chanter les chansons anti Racing. La Barra ne sait plus trop comment gérer l'affaire, ça chante tant bien que mal. Le moral dans les chaussettes, les boules bien comme il faut. 


Deuxième entrée des joueurs plus sympa. Je retrouve Eu qui m'avait reconnu d'un peu plus haut dans la Barra. On est quelques-uns avec Marco à ne rien lâcher pour cette deuxième période. Les mecs des peñas surtout et quelques indépendants forment le groupe des motivés. Les trompettes soufflent toujours. Sur le terrain le match est pourri. Les joueurs jouent à deux à l'heure, ça sent l'arrangement. Coup de sifflet sur un lamentable 0-0. 


On reste encore une heure dans le stade à ranger. On est en milieu d'aprem. On sent qu'on nous a injustement gâché une fête qui aurait du être historique. La répression au nom de la sécurité. Et le football populaire qui agonise. 


Je rentre chez Lucas dormir jusqu'à 22h puis part oublier cette rencontre avec lui et Marco, entre alcool et visages féminins. 


Le lendemain c'est déjà Dimanche, jour de départ. Un dernier repas dans un p'ti resto sans prétention, entre proches. Lucas, Marco avec sa femme, Eu et moi… 


J'espère que vous avez apprécié. Et surtout que vous avez vécu ce compte-rendu comme une petite expérience, c'était un peu l'intention… 


Allez l'OM ! Dale Rojo ! Que Marsella es del Rojo ! 


Fabri.

dimanche 4 octobre 2009

Violences, dérives idéologiques et nationalismes


Nationalisme, violence, identité, haine, racisme, hooliganisme, casuals, ultras...Ce sont quelques-uns des mots que l'on entend fréquemment en parallèle du football de haut niveau et de l’évolution des comportements des « supporters » les plus fanatiques, principalement en Europe…

Depuis pas mal de temps, l'attention identitaire dans le milieu du football international se concentre davantage sur le local et le régional que sur la dimension nationale.

En Italie, par exemple, les matchs entre villes et régions du nord et du sud à ce niveau sont plus «intéressants» et vécu par les « tifosi » de manière bien plus passionnée et engagée que ceux de l'équipe nationale ou justement ces antagonisme régionaux, voire culturel constituent un frein à un engouement commun.

En Grande-Bretagne, il y a bien le cas écossais, un patriotisme unique par sa ferveur, mais qui n'explose que lors des matchs de l’équipe nationale, le reste du temps l’antagonisme religieux (et donc politique) reste prégnant. Les fans et hooligans qui suivent l’Angleterre proviennent essentiellement des « firms » des clubs des divisions inférieures et n’effacent pas les rivalités entre les supporters des (grands) clubs de l’élite… Quant à l’Espagne, les supporters encouragent l'équipe nationale, mais en réalité, la polémique entre Castillans, Basques, Catalans, Valenciens, Galiciens ou encore Asturiens les préoccupent bien davantage.

À contrario, là où le nationalisme est exacerbé, le football fonctionne comme catalyseur. C'est le cas en Europe de l'Est dans les anciens pays du bloc soviétique et dans les Balkans, entre Serbes, Bosniaques et Croates, mais ce sont précisément des endroits où la pulsion nationaliste est encore très puissante malgré les antagonismes des clubs les plus puissants (Etoile Rouge et Partizan Belgrade par exemple en Serbie) ou régionaux (Dynamo Zagreb et Hajduk Split en Croatie)…

Ainsi, encore une fois, lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 2010, les « ultras » Serbes, Polonais (etc...) ont de nouveau démontré leur « force de frappe »…La (récente ) tragédie de Belgrade avec le décès d’un supporter français du TFC « battu à mort » par  un groupuscule (IRR BGD) lié aux Grobari, principal groupe ultra’ du Partizan Belgrade en est un sanglant exemple…

D'autre part, on va aussi voir se confronter différents styles de supporters. Les Italiens mettent un point d'honneur à entretenir leur réputation de supporters bruyants et agités. Les Anglais sont convaincus d'être les meilleurs supporters du continent, les Allemands, les Hollandais n'ont rien à leur envier, les Turcs sont persuadés que leur devoir moral est de se disputer avec tout le monde. Les Serbes, Croates, Polonais, Russes assurent quasiment un devoir national…À la marge, la France est assurément le seul pays européen (mondial ?) ou l’hymne national est conspué dans son propre stade…

Ce qu'on ne comprend pas le plus souvent, c'est que lorsqu’il y a violence, elle n'a de sens pour une bonne part, qu'en elle-même, elle n'est pas utilitaire. On n'a pas affaire au phénomène argentin des «barras bravas» qui tentent par la violence d'obtenir des bénéfices économiques, mais à des gens qui éprouvent à travers la violence un plaisir très profond. Dans le cas de l'Europe, il arrive donc très souvent qu'une dimension politique entre en jeu et c'est alors qu'intervient le nationalisme et le racisme. Il existe une violence d'extrême droite, appuyée par des discours très radicaux et xénophobes contre l'immigrant, le noir etc...

La violence qui touche le football est donc aussi (souvent) politique en Europe, plus en Europe du Sud et dans les pays de l’Est d’ailleurs, que dans le Nord où l’identité nationale est plus profonde historiquement et sociologiquement. Dans les pays du Sud de l’Europe, comme en Italie, le positionnement politique est essentiel pour déterminer les antagonismes et les amitiés D’extrême droite, comme les Irriducibili de la Lazio, dont beaucoup se définissent comme des fascistes mussoliniens ou communistes staliniens comme se revendiquent les Brigate Autonome Livornesi. L’Italie foisonne et se nourrit de ces rivalités politico/sportives comme avant elle abondait de ces Cités/Etats qui se livraient des guerres de pouvoir au simple nom de leur prestige…

Le contexte italien de « jumelage » fait aussi que certaines amitiés (ou antagonismes) perdurent alors que les tendances politiques des groupes concernés ont pu évoluer. L’exemple le plus frappant étant la Curva Sud de la Roma, historiquement liée à la gauche populaire et qui a en (grande) partie basculé vers l’extrême droite, à l’instar de ses pires ennemis « Laziali ». La disparition du CUCS expliquant en (grande) partie cette situation avec le foisonnement de « petits » groupes autonomes au sein de la mythique Curva du Stade Olympique...

De même en Espagne la connotation politique apparaît profonde dans un contexte politique fortement lié aux velléités d’autonomie ou d’indépendance de certaines régions. Nostalgiques du Franquisme comme à Madrid (Ultras Sur du Real et Frente Atletico), nationalistes régionaux comme au Barça avec les Boixos Nois indépendantistes Basques de Bilbao ou de Pampelune (Indar Gorri), extrémistes de gauche comme à Séville (Biris Norte) ou à Madrid (Bukaneros du Rayo Vallecano), l’Espagne offre un large panel de la politisation des tribunes populaires des stades de football.

Paradoxalement, le meilleur exemple de Démocratie reste encore le football lui même. Dans le football, tout le monde est égal au début de la partie et le meilleur gagne. C'est le principe de méritocratie de n'importe quel système démocratique qui permet aussi que le plus faible l'emporte parfois sur le plus puissant…