vendredi 18 décembre 2009

Napoli : «Teste Matte» et «Niss», les sigles de la violence…


Groupe historique ou « sécessionniste», ils représentent la nouvelle identité de la « tifoseria » Napolitaine, celle de la Curva A (virage) du San Paolo, intransigeante, violente  et radicale, « Rispetto per tutti.....pietà per nessuno »…

«Teste Matte» et «Niss», acronyme de «Niente Incontri Solo Scontri», le slogan historique  des TMN, deux groupes étroitement liés, le second étant née du premier après une scission rendue inévitable, suite à une dissension interne parmi les capi des Teste Matte, un des groupes historiques de la Curva A fondé en 1987, et composé alors d’une cinquantaine de membres issus principalement de Quartiere spagnolo, de Pianura, Quarto, Montesanto et pour certains de Cavone ou de Pallonetto di Santa Lucia…

La légende veut que les Teste Matte soient fondés en 1987 de l'association d’une frange de tifosi ultras présente généralement dans les zones centrales de la Curva A du stade San Paolo. Au premier cercle, viendront rapidement se joindre d’autres tifosi du Napoli pour atteindre 300 à 400 membres, pour la plupart (déjà) biens connus de la Police, notamment pour des agressions, vols et des délits liés aux trafics de stupéfiants…

Du groupe émerge un véritable capo charismatique, Ciro Castaldo, surnommé « Ciro Ciro », neveu du « parrain » des Quartieri Spagnoli, Ciro Mariano. Avec l’appui de son oncle, « Ciro Ciro » organise avec des membres des TMN un trafic de cocaïne dans la zone de la Pignasecca à Montesanto, qui devient rapidement une véritable « branche » du clan Mariano, opérant dans toute la zone de Montesanto…

En quelques années, Ciro Castaldo est reconnu comme « capocamorra » chef d'un clan criminel redoutable et respecté dans les Curve de San Paolo comme dans les ruelles napolitaines. « Ciro Ciro » et son frère, Francesco, surnommé « Ciccio » impliqué dans différents homicides, vont cependant faire l’objet vers la fin des années 90 des enquêtes lancées par les juges anti-mafia qui amèneront le démembrement définitif de l'organisation. Ciro Ciro se repentira en 2001, son frère Ciccio en 2006…

Jusqu’à la fin des années 90, le mouvement ultra’ napolitain est avant tout festif et sous l’emprise du Commando Ultrà Curva B de Gennaro Montuori alias « Palummella ». L’ambiance à San Paolo reste magnifique même si les résultats sportifs ne sont plus ceux de l’ère Maradona, mais le club s’enfonce petit à petit vers les tréfonds du classement, jusqu’à disparaître de la Série A, jusqu’à pratiquement disparaître tout simplement…

C’est durant cette période « troublée » pour le club et son environnement, que vont s’affirmer de nouveaux groupes jusqu’alors « groupuscules » de la Curva A et cette affirmation se fera par la violence. Parallèlement à la perte d’influence des Ultras de "Palummella" sont ainsi apparus de nombreux groupes tels que les Vecchi Leoni, Skizzati, Brigate Carolina, Masseria Cardone, Platoons, Autonomia, Kaos, Avanguardia, Mastiffs…

Le premier incident violent lié aux Teste Matte désormais (officiellement…) sortis de l’emprise de la Camora et recentrés sur le mouvement ultra’, remonte à l’année 2000 quand un inspecteur de police est gravement blessé à la tête lors d’affrontements entre le groupe et les carabinieri avant un match Cesena – Napoli.

Depuis lors, chaque match, chaque déplacement ne seront  pour les TMN, que violences et affrontements. Comme en 2002 quand ils bloquent une autoroute pour attaquer des tifosi de la Reggina qui voyageaient en direction opposée, où encore, l'agression d’un carabinier en 2004 après un Napoli – Hellas Vérone, l’attaque d’un minibus transportant des tifosi de la Lazio en 2005 sur une autoroute à pleine vitesse, à coup de fusées et de « bomba carta » (bombes agricoles) destinées à faire « tout simplement » sortir de la route les « ennemis » honnis de la Capitale…

C’est à partir de 2007, qu’un capo des Teste Matte, Dario Di Vicino, quitte le groupe en conservant la bâche « Niss » (Niente incontri solo scontri) brandie lors de tous les déplacements des TMN. Ce sera le nom de ce nouveau groupe, qui ne tardera pas à se faire connaître et craindre, puisque dès le début de la saison 2007/2008 (le 2 septembre 2007) sur la route menant à Udine, où se déplaçait le Napoli, le Niss croise et s’attaque à un groupe de tifosi de la Ternana. Les affrontements feront 5 blessés dont un ternano hospitalisé et 49 tifosi seront interpellés...

Si cette scission (plus ou moins officielle), n’avait jusqu’alors pas causé de graves problèmes internes, certains membres des TMN ont à l’occasion de la mort de l’ultrà biancoceleste Gabriele Sandri vivement critiqué Dario Di Vicino, pour avoir « excessivement » familiarisé avec les laziali et les romanisti…Ce qui n’empêche pas les frères Proietti  (qui dirigent les TMN avec les frères Nota) de discuter, comme l’ont révélé des écoutes téléphoniques de la DIGOS, avec des capi des Irriducibili de la Lazio auxquels s’étaient joints dans la Capitale, des membres de «Tradizione e Distinzione» un groupe ultrà de…la Roma afin d’étudier une stratégie commune face aux mesures répressives du Gouvernement…

D’ailleurs, même les pires affrontements, même les pires haines ne doivent pas faire oublier les « codes d’honneur » entre groupes ultras. Ainsi, alors qu’en mai 2007, sur la station d’autoroute de Cantagallo, des TMN « massacrent » un ultrà du Hellas Verona, extrait de force de l'habitacle de sa voiture, on sait (là encore par des écoutes téléphoniques) que l’arrestation d’un « teppista napoletano » sur dénonciation d’un tifoso veronese présent lors des affrontements a valu à Riccardo, un capo ultrà gialloblù, de présenter ses excuses à Giuseppe Nota, un des capi des Teste Matte pour le comportement « inacceptable » d’un des siens selon la « mentalita ultrà »« Nemici da sempre e per sempre, infami mai » !

Aujourd’hui les Teste Matte, représentent la faction la plus extrême du mouvement ultrà Napolitain, avec un noyau d’environ 300 membres, une  nouvelle génération qui a pris la relève (moyenne d’age, 25 ans) et qui provient essentiellement du « Quartiere spagnolo » de Naples.

Son fonctionnement est quasi « clanique », voire « sectaire », tout prétendant doit pour intégrer le noyau dur du groupe (dé)montrer son courage lors d’affrontements durant de longs mois avant de pouvoir prétendre à être accepté. Peut-être que nul autre groupe que les TMN guidés par les frères Proietti et Nota ne pourrait ambitionner aussi bien de réussir à joindre les paroles aux actes s’agissant de leur slogan historique (déjà évoqué) « Niente incontri solo scontri »…


Violenza e omertà restent donc les maîtres mots des virages parthénopéens, composés aujourd’hui de 12 groupes parfois constitués en sous groupe comme en Curva A, les Niss, issus donc des Teste Matte, les Mastiffs, Brigata Carolina, Fossato Flegreo, Vecchi Lions, Sud, Rione Sanità, Bronx et Nuova Guardia auxquels se rajoutent en Curva B : les Ultras´72, Ideale Ultras, et le (mythique) Fedayn (EAM)…